A la 4 du 8ièmeRPIMa

Publié le par Bidou

A la 4 du 8ièmeRPIMa

 

J’avais un camarade.

 

J’avais un camarade mais je ne le connaissais pas. Nous nous étions surement croisés dans une allée de la caserne, peut être dans un couloir ? Il m’avait alors salué parce que je suis plus ancien que lui, plus gradé que lui  et c’est en le regardant droit dans les yeux que j’avais répondu à son geste par le même geste.

Je ne le connaissais pas mais c’était mon camarade. Nous portions le même béret rouge, nous avions le même drapeau, celui du 8ième RPIMa et nous avions aussi les mêmes valeurs.

 

Puis un jour mon camarade est parti en mission avec sa compagnie à l’autre bout du monde sur cette terre afghane noyée de soleil et submergée de poussière.

 

Aujourd’hui, j’ai perdu mon camarade.

Je ne le reverrai plus, je ne le croiserai plus dans une allée ou au hasard d’un couloir. Il ne me saluera plus.

Je suis triste.

 

Je suis triste mais je suis fier de lui aussi, car je sais qu’en vrai parachutiste, il a été jusqu’au bout sur la piste, jusqu’au bout de sa vie à peine commencée.

 

Il était jeune et on lui aurait certainement pardonné un instant de faiblesse lorsque l’enfer s’est abattu  sur sa section dans ce coin perdu de montagne.

Il était jeune et pourtant il n’a pas faibli lorsque ses chefs sont tombés les premiers devant lui. La terre, les cailloux tout autour ont éclaté en mille geysers et l’assourdissant claquement des balles a soudain saturé l’atmosphère.

Attaqué, il s’est défendu. Cerné il s’est jeté à terre sur ce sol sans obstacle en rendant coup pour coup.

Submergé il a résisté sans reculer puis, d’un coup, son fusil brûlant s’est arrêté en même temps que son souffle.

 

Il n’a pas failli, et en mourant au combat un après-midi d’août loin de cette France où à la même heure on revient de la plage, il a fait comme ses anciens tombés dans les rizières du Tonkin, les djebels arides d’Afrique du Nord ou les sables incandescents du Tibesti.

Il a fait son devoir de parachutiste jusqu’à l‘ultime seconde, comme ses chefs et ses cinq autres copains tombés ce même jour sous ce soleil étranger.

 

J’ai cru entendre à la télé ou à la radio, je ne sais plus, qu’il était incongru, en 2008 qu’un garçon de vingt ans puisse mourir à la guerre au nom de valeurs comme les nôtres.

Peut-être est ce alors moins incongru, au même âge, de mourir au volant d’une voiture après avoir gouté aux volutes de ces  poisons de rêves qui mènent au paradis artificiel ?

 

Non mon camarade, tu peux dormir en paix, ta mort n’est pas incongrue parce que tu es parti comme on te l’a appris, tu es parti en soldat.

 

Dors mon camarade, je vais à présent veiller sur ta mémoire mais je suis bien triste parce que je ne pourrai jamais plus te rendre, les yeux dans les yeux, notre salut militaire.

 

 

 

                                                                                                Jacques ANTOINE, un adjudant-chef du 8

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A
<br /> Mr ANTOINE,<br /> excusez moi de vous dire, que nous n'avons rien à faire en Afghanistan. On vous a envoyé làbà pour servir seulement les multinationale qui ruinent les pays du sud. Dire que nous voulons apporter<br /> aux Afghans la démocratie est un gros mensonge.<br /> Mr ANTOINE, savez vous que tous nos présidents ont soutenu et soutiennent encore presque tous les dictateurs africains ?<br /> Amicalement<br /> Ali<br /> <br /> <br />
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R
<br /> bonjour<br /> j ai entendu ce texte le 08 mai 2009 place de la victoire a SAINT AIGULIN<br /> Je crois qu il en dit long sur les hautes valeurs morales qui guident les<br /> soldats du 8<br /> <br /> amicalement<br /> <br /> <br />
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